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WhatsApp a aussi séduit ma mère

WhatsApp est l’une des applications mobiles les plus téléchargées au monde. Appels, messages, n’importe où, n’importe quand.. communiquer devient de plus en plus facile avec son portable ! Les exclus du numérique, eux aussi, l’ont adoptée.

 

WhatsApp, mon portable et moi

WhatsApp, ou l’histoire d’un réseau social captivant. Une connexion internet, un smartphone et le tour est joué ! Plus de barrières géographiques, plus de frustration, cette application mobile est vraiment celle qu’il nous fallait. La frustration de ne plus avoir de crédit pour communiquer est désormais révolue. En quatrième, je me rappelle encore de mon forfait SFR, illimité le mercredi de 10 h à 17 h. Le reste de la semaine, les textos s’écrivaient de cette manière : « koi 2 9 ? ».

Dire qu’en 2014, je m’opposais à WhatsApp. Quelle grossière erreur de ma part ! Des amies m’ont « forcée » à la télécharger pour discuter toutes ensembles dans un groupe. Aujourd’hui, en 2018, c’est la seule application sur mon portable. WhatsApp m’a tuée ? WhatsApp va-t-il tuer ma mère ?

Moi, pas encore. Mais j’y passe trop de temps. Pour discuter, m’informer, faire la maquerelle, m’exposer en faisant des stories, ces vidéos courtes à la durée de vie éphémère. Une routine sympa.

En Mauritanie, des lycéens l’utilisent pour tricher au bac, au Niger, des villageois pour organiser la vie en collectivité. Chacun se l’approprie pour ses propres besoins. Mais ma mère a-t-elle réellement besoin de ce réseau social ?

Maman connectée au numérique

WhatsApp, l’application qui rassemble tous les âges ? Crédit photo : Pixabay/MabelAmber

L’exclusion du numérique, c’est ma mère. Enfin, c’était. À présent, elle est connectée. Elle n’a jamais utilisé un ordinateur. Pas de besoin spécifique. Le mobile fait l’affaire. Dorénavant, ce n’est plus le mobile lambda, mais un smartphone qui se balade entre ses mains. S’ajoute à cela l’ouverture sans cesse de WhatsApp, l’envoi de multiples messages vocaux, et surtout son point fort : le partage de vidéos à ces contacts favoris (dont je fais partie).

Elle sait lire et écrire le français, mais fait tout de même des erreurs. Puis, elle prend du temps. Les SMS ne sont pas de son vocabulaire.

Alors pourquoi WhatsApp sur son portable si on ne sait pas écrire des messages ?

Cela n’avait pas de sens pour moi… Or, je me suis totalement trompée.

Ses amies de Paris l’incitent à l’avoir pour lui envoyer des vidéos, et surtout elle peut parler à sa mère en Afrique par l’intermédiaire d’un voisin.

Pour résumer son aventure WhatsApp :

  • 1 ère tentative d’installation : ouf ! plus de mémoire sur son portable (je suis satisfaite)…
  • 2 ème tentative d’installation : mon petit frère a mis WhatsApp… Mais sans faire exprès ma mère supprime l’application !
  • 3 ème tentative d’installation : je l’initie à WhatsApp plus de six fois, j’abandonne, mon frère reprend le relais…

Aujourd’hui, ma mère m’envoie des audios au lieu de m’appeler. Elle ne va plus au taxiphone, n’achète plus de cartes prépayées pour appeler l’Afrique. Presque tout se fait sur l’application. Tant mieux ! Moins de dépenses, et tout le monde est gagnant !

Depuis que ma mère est connectée, j’ai compris une chose : il est important de s’adapter à l’apprentissage des autres, et surtout d’être patient.


Top des 10 expressions footballistiques qui m’ont fait tordre de rire

La Coupe du monde 2018 a débuté en Russie. Les supporters sont parés pour défendre l’équipe de France. Le bon supporter, c’est aussi celui qui maîtrise les meilleures expressions footballistiques françaises. Mais avant de vous les expliquer, retour sur la première sortie française sur le terrain.

Le premier match de la Coupe du mondeRussie vs Arabie Saoudite, a tenu en haleine tous les Français. Mais France vs Australie, était le match véritablement attendu par bon nombre de supporters français.

A quand notre tour ?

Samedi 16 juin, j’anticipe : je sors à onze heures pour ne pas louper le match de midi.  Nous sommes quatre filles. Direction La Bellevilloise, le lieu de la culture et d’échange parisien. Nos cordes vocales sont entraînées, nos visages sont illuminés, les plus beaux maillots de l’équipe de la France sont de sortie. Les noms Pogba, Griezmann, M’Bappé s’imposent. Bières, enfants, femmes, hommes, rires, sandwichs : la Coupe du monde a bien débuté !

Les expressions de football des supporters français.
Crédit Flickr, Dhodho.net

Coup de sifflet

Le match commence, les décibels sont au maximum !

Malgré le bruit, j’entends tout autour de moi. Des conversations téléphoniques « dépêche-toi ça va commencer, t’es toujours à la bourre toi ! », des commandes de bières… L’ambiance est joviale. Les cris, les angoisses, et le stress se traduisent à travers les bruits des tables.

Parmi tout cela, une chose me régale : les expressions footballistiques. Les supporters font preuve d’une vraie imagination, et leurs expressions sont une hybridation de spontanéité,  d’enthousiasme et d’adrénaline. Ce sont des métaphores, des néologismes et bien sûr de l’humour.

Découvrez le top 10 des expressions hilarantes qui ont retenu mon attention :

  • Il s’est fait enrhumer :  un joueur s’est fait dribbler par un adversaire
  • Quel pingouin avec la balle ! :  le joueur joue comme un pingouin qui se déplace

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  • Kylian M’Bappé l’a déposé:  il est rapide par rapport à son adversaire
  • Il a du savon dans les mains ou quoi : le goal loupe toutes les balles

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  • Il a dit oui au ballon : le joueur est en accord avec le ballon, tous ses tirs sont parfaits
  • Pogba c’est un jambon : durant, le premier match de la France, Pogba a marqué un but, cri de joie ! Pogba est un génie !

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  • Il a mangé la feuille de match : le joueur rate de nombreuses occasions
  • Avaler son sifflet : lors du match Australie vs France,  l’arbitre  (sous décision de la FIFA) a refusé le but de Pogba.  A-t-il bien vu ? Pour certains supporters, il a avalé son sifflet car le ballon est bien entré dans les cages.

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  • On a laissé notre carte de visite : l’équipe gagnante a laissé ses traces après sa victoire.

Et vous, quelles sont vos expressions ?

 


De citoyenne lambda à juré d’assises au Tribunal

Les jurés d’assises sont des citoyens français qui vivent une expérience inédite au Tribunal de grande instance. Vote, plaidoiries, témoignages : découvrez ma semaine à la cour d’assises.

Dans la peau d’un juré d’assises

Être juré d’assises n’a pas été une tâche facile ! Je l’ai été durant quatre jours, à la cour d’assises du Val-de-Marne. Tout commence le mois de décembre 2017. Ma convocation m’attend dans la boîte aux lettres. Il est mentionné sur celle-ci que je suis juré titulaire n°6.

Les jurés d'assises à la cour d'assises.
La cour d’assises. Crédits photo Jacques/Flickr

Plusieurs questions surgissent dans mon esprit : pourquoi moi ? Est-ce obligatoire ?

Toutes mes questions trouvent finalement leur réponse dans un document joint au courrier, et sur le site de courdasssise.fr.

Jeudi 6 avril, la Présidente de la cour tire mon nom de la liste. Je suis jurée supplémentaire. Grosso modo, le juré supplémentaire participe à tout le procès. Pour autant, lorsque vient l’heure du délibéré, il ne vote pas et ne parle pas. Contrairement au juré titulaire, qui vote et s’exprime.

Étrangement, bien que l’affaire n’ait pas encore commencée, je suis satisfaite de ne pas participer au vote. Un poids en moins. Un poids en moins, car je me sentirai coupable, par mon vote, d’avoir mis un accusé en prison. Bien qu’il ait fait la pire des horreurs. D’ailleurs, l’autre jurée supplémentaire était elle aussi soulagée, tout comme moi.

Les 9 jurés, durant trois jours, vont prendre part à une affaire, qui ma foi, est très complexe. Étant tenue au secret judiciaire, je ne dévoilerai pas l’affaire.

Je peux vous dire que l’accusé a trois chefs d’accusation dont un viol sur mineure, un viol sur conjointe, viol et agression sexuelle. À la Cour d’assises on juge ces crimes : « le viol, le meurtre, l’assassinat, les actes de torture et de barbarie, le vol avec usage d’une arme, ou en bande organisée, les actes de terrorisme, l’organisation d’un trafic de stupéfiants. »

9 jurés, dont moi, la plus jeune, qui a priori n’étaient pas censés se rencontrer un jour, vont juger un accusé présumé innocent avec les assesseurs et la Présidente.

Une expérience démocratique

L’audience est à huit clos.

La cour d'assisse de Paris.
Une cour d’appel. Crédits photo Pixabay/Djedj

Pourtant, au début de l’audience, il y avait des membres de la famille de l’accusé et sa petite amie. L’avocate de la victime annonce à la Présidente de la Cour que celle-ci souhaite que l’audience soit à huis clos. La victime étant mineure et les faits étant graves, la Présidente accepte la demande.

  1. Le premier jour, l’accusé s’exprime. Il s’exprime bien, il suit des cours de droit en prison. Sa vie professionnelle, sentimentale et familiale est dévoilée. Puis, il répond aux questions de la Présidente. Là, son discours commence à me dégoûter.  Ses arguments sont pesants voire illogiques.
  2. Le second jour, la victime, mineure, décrit les faits. J’ai envie de verser des larmes. Mais je ne peux pas. Aucun sentiment ne doit apparaitre sur mon visage.  Après l’audience, je me sens mal. Le soir, je pense à l’affaire. Le lendemain, après en avoir discuté avec les autres jurés, je constate que je ne suis pas la seule à n’avoir pas été bien la veille.
  3. Le troisième jour, c’est la plaidoirie des avocates. D’une intensité inouïe. L’art des mots, l’art de l’argumentation, l’art de séduire. Je suis bouche bée face à leur plaidoyer.

L’affaire est lourde, ignoble, dure.

C’est le moment de la délibération. Oui ou non, est-il coupable pour ces chefs d’accusations ? Combien d’années, s’il est coupable, prendra-t-il ? Le juré doit avoir l’intime conviction avant de voter.

J’écoute, bien que je ne vote pas pour cette affaire. Pour autant, je ne me sens pas bien. Mettre quelqu’un en prison, aurais-je été capable de le faire ?

La Présidente de la cour annonce le verdict. Je regarde la partie civile et l’accusé. D’un coté un visage marbre, figé, assombri. De l’autre, des regards qui fixe l’accusé avec insistance.

Le juré d’assise doit prendre du recul et surtout être sûr de son vote. Une expérience unique.


Les vendeurs à la sauvette de maïs à Paris, une activité illégale mais répandue

Le maïs fleurit autour de nombreuses gares d’Ile-de-France. Chaud ou tiède, dans un caddie ou un chariot de course, ce féculent attire une grosse clientèle.

Le maïs se vend toujours autant. Il est aujourd’hui très présent aux abords de certaines gares de banlieue et des stations de métro parisiennes.

Le maïs, associé des vendeurs à la sauvette. Crédit photo Alexas_Fotos/Pixabay

Vendu généralement  à 1 euro, avec la possibilité d’ajouter du sel : le prix attractif de l’épi séduit. Lorsque mon père se rend au « foyer malien » de Vitry-sur-seine, chaque membre de la famille a droit son épi. C’est comme un cadeau ! Les vendeurs de maïs se placent dans des endroits stratégiques. Le quartier parisien le plus prisé par ces marchands est Château-Rouge. Quant aux villes de banlieue, on peut ajouter Saint-Denis (là-bas, on vend aussi des brochettes), Sarcelles, Grigny ou encore chez moi, à Choisy-le-Roi.

Dans ma ville, il y a une réelle concurrence. Chacun à son emplacement spécifique, mais le prix reste le même.

Le Malien, Sénégalais ou Mauritanien va vendre de son coté, et le Bangladais de l’autre coté. Ils sont parfois âgés, ou ont autour de la trentaine. Très polyvalents, ces travailleurs sont capables de prendre plusieurs commandes en même temps. Leurs clients sont nombreux. Surtout durant les heures de pointe, de 16h à 20h. Adultes, enfants, noirs, blancs, arabes : ce féculent séduit la population.

Les Bangladais « travaillent » avec des chariots de supermarché, où ils y installent un tonneau en métal. Dans celui-ci, du charbon et du feu sont placés pour faire griller le maïs. Ils emploient la même technique dans leur vente de marrons chauds. Les autres vendeurs Africains disposent eux d’un caddie où le maïs à la vapeur repose en attendant son prochain appel.

 

Vendeur de maïs malgré soi

Inoffensifs, ils le sont. Mais leur activité est illégale. Sans-papiers, ils le sont parfois. Pourtant, ils vendent du maïs. Au détriment de la loi.

Crédit photo Vijayanarasimha /Pixabay

Les vendeurs à la sauvette sont passibles d’une amende allant de 100 à 300 euros. Dans l’article « Kamara, vendeur de maïs à la sortie du métro » de Streetpress, Kamara évoque son quotidien de vendeur de maïs au quartier de Château-rouge. Il le fait par nécessité. Pas d’autre choix, pour survivre et faire vivre sa famille :

« Je dois aussi envoyer de l’argent au pays et payer mes dettes au passeur. »

Dans Paris et sa banlieue, chacun travaille comme il peut.


Coupé-décalé, Douk Saga, 10 choses à savoir sur ce concept ivoirien

Né en Côte-d’Ivoire, le coupé-décalé est plus qu’une danse. Au-delà de son aspect musical, il modifie des comportements.

Le coupé-décalé est loin d’être has-been.

« Et coupé et décalé, coupé-décalé« , ces paroles, ce sont celles de la chanteuse franco-ivoirienne Teeyah. Le coupé-décalé me fait immédiatement penser à cette chanson. Mais, aussi à Douk Saga. Il était l’un des précurseurs de ce mouvement, jusqu’à son tragique décès en 2006.

2003, c’est l’année où Douk Saga et sa bande d’amis de la Jet Set ivoirienne, sillonnent les boîtes de nuit de la banlieue parisienne pour présenter ce nouveau concept.

Le coupé-décalé en Côte d'Ivoire a été crée en 2003 par Douk Saga
Le coupé-décalé en Côte d’Ivoire. Crédit photo Crea8t/Iwaria

Littéralement, en nouchi (argot ivoirien) les mots  « Couper », en parler populaire ivoirien, signifie « escroquer », et « décaler », « prendre le large ».  Le coupé-décalé va à la fois inspirer et faire rêver de nombreux jeunes. Il s’inspire de nombreux styles musicaux africain dont la musique congolaise.

Frime, argent et boîtes de nuit s’associent à ce genre musical.

Après avoir assisté à la superbe conférence dansée « Le coupé-décalé est-il féministe ? » organisée par Africolor, j’ai trouvé légitime de lui laisser une place dans mon blog.

10 choses à savoir sur le coupé-décalé :

  • Le coupé-décalé tire son essence de l’art de frimer.
  •  À son début, son but était d’arnaquer, d’escroquer et de disparaître de la circulation comme l’a si bien dit le journaliste Soro Solo.
  • Le langage nouchi, était principalement utilisé dans ce tempo, tels que le terme faro-faro ou l’art de faire son malin.
  • Douk Saga, philosophe du corps et de l’esprit propulsa le coupé-décalé à Paris et Abidjan.
  • Tout coupé-décaleur doit s’imprégner du prodada. C’est le fait de se produire, de s’afficher dans les espaces publics avec des vêtements de marque.
  • Le travaillement, c’est une façon d’obtenir une meilleure charité sur soi-même. Certains coupé-décaleurs lorsqu’ils faisaient des prestations scéniques dans les boîtes de nuit versaient des tonnes de billets à d’autres artistes.
  • « Au-dessous d’une montagne, il y a toujours un sommet ». Célèbre phrase de Douk Saga, elle laisse entendre qu’il faut toujours donner le meilleur de soi-même.
  • « Parmi les champions, il y a toujours un champion ». Autre célèbre phrase de Douk Saga, qui signifie que bien qu’on soit le numéro un, il faut toujours exceller. La vie est une compétition.
  • Le coupé-décaleur lorsqu’il anime, fait des atalakus ou des louanges aux personnes qu’ils estiment.  À l’instar des griots mandingues, en l’échange de ces louanges il reçoit de l’argent.
  • La Sape, S.A.P.E (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) est un code vestimentaire représenté dans le coupé-décalé. Ce type d’habillement indique la réussite et le pouvoir.

Pour en savoir plus : Le Swing identitaire du coupé-décalé