Hawa

Crèmes éclaircissantes : claire contre mon gré

Le marché des crèmes éclaircissantes est très fructueux. Chez les femmes noires notamment. Du teint noir au teint clair, la métamorphose de l’épiderme tourne souvent à la catastrophe. J’ai été une victime de ces crèmes éclaircissantes.

De noir à métisse

Les crèmes éclaircissantes, j’ai toujours été contre. Les Carolight* et compagnie. Gâter sa peau pour tenter d’avoir un teint clair est une abomination. Ma mère a franchi ce cap. Son entourage aussi. Ces crèmes séduisent beaucoup de femmes. Malheureusement, je me suis dépigmenté la peau. Involontairement. Evidemment. C’était en 2016. Des problèmes de peau : boutons par là, tâches par ci. La peau noire est très sensible. Un bouton équivaut toujours à une tâche. Mon visage avait besoin d’un réel coup de pouce. Je cherchais donc une bonne crème pour unifier mon teint. Alors, je me suis dirigée vers une vendeuse Facebook. Photos à l’appuie, ses produits semblaient corrects. Aucun mauvais commentaires, une bonne communication, un service après vente parfait. L’excellente vendeuse.

J’achète la gamme caramel. Son rôle est d’ unifier et réparer le teint. Tandis que la gamme métisse éclaircit la peau. Un savon orange, une petite crème dont le packaging ressemble fort au Victago. La marche arrière est impossible. 60 euros la gamme, des commentaires qui vantent les mérites de ces produits,  je préfère essayer. Effectivement, mes tâches disparaissent. Mes boutons aussi.

Pied noir de femme noire
Crédit photo Medsile/Iwaria

Retour à la réalité

La phrase de ma mère : « Tu as mis du produit ! » Produit équivaut à crèmes éclaircissantes. Je répond que non. Qu’il s’agit d’une crème qui enlève les tâches. Je vais chez de la famille, là-bas, tout le monde me dit que j’ai éclairci. Même mon petit frère. Des questions traversent mon esprit.

Je me regarde dans la glace. Le constat est tel que mes mains sont plus foncées que mon visage. Or,  mes mains et mes pieds ont toujours été plus clairs que mon visage.

Une opération de taille se prépare : retrouver ma couleur d’origine. Ma mère crie sur moi. Sans cesse. Elle jette à la poubelle la gamme que j’ai acheté durant mon absence. Je surfe le web pour connaître les astuces afin de retrouver mon teint d’origine. A priori, la karité serait la solution. Tant mieux, j’en ai beaucoup à la maison. Deux semaines que je sors plus.

Trop honte. Trop claire. Trop fake. Je déteste ce teint. La karité est ma nouvelle meilleure amie. Matin et soir mon visage brille de karité. Deux semaines plus tard, je retrouve mon teint. Liberté !

Aujourd’hui je n’ai de yeux pour les produits coréens.

*Carolight : crème éclaircissante, Carolight est une référence


Oumou Sangaré plus forte avec Yere Faga

Oumou Sangaré est de retour avec son nouvel album Mogoya sortit ce 19 mai.Yere Faga, un des titres de son album expose une douleur.

Oumou Sangaré, femme à multiples casquettes

Femme forte, Oumou Sangaré, je te rend hommage à travers cet article. Diva mandingue, chanteuse, femme d’affaires, féministe : tu as tout pour toi. Tu es un exemple à suivre. Commencer enfant par vendre des bouteilles d’eau au marché. Puis, finir par faire des scènes internationales. Ma foi, quel destin ! Mon confrère Mondoblog Michouthe, dresse un portrait bien détaillé de la chanteuse malienne.

Oumou Sangaré a aucun défaut. Si ce n’est un. Ce défaut qui fait des ravages chez les femmes africaines. Principalement. Mais pas que. Ce défaut sévit aussi le continent asiatique. On le nomme l’éclaircissement de la peau. D’ailleurs, j’en parlais dans mon ancien blog Kany&Cie avant de faire désormais partie de la communauté Mondoblog :). Du teint couleur noire ébène au teint clair Oumou a mis tchatcho* ! Oh, que j’ai été déçue ! Elle qui prône les valeurs de la femme noire. Elle qui dit sans cesse que la femme africaine doit s’assumer … Quelle paradoxe ! Cependant, je te pardonne Oumou. J’ai en effet constaté que tu as arrêté les produits éclaircissants dans ton dernier clip Yere Faga.

 

Yere Faga, une chanson pleine d’espoir

Souvent on dit que la piraterie tue l’artiste. Les rumeurs peuvent-elles aussi tuer l’artiste ?

Yere Faga, ma chanson coup de cœur l’évoque en autres. Yere Faga signifie se tuer en bambara. On pourrait le traduire en bon français par se suicider. Dans cette chanson, Oumou Sangaré explique que face aux aléas de la vie, la mort n’est pas la solution. Le suicide ne guérit pas face aux maux. Le suicide n’est pas la clé face aux souffrances que nous infligent les autres. Après huit années d’absence, la star malienne  semble revenir plus forte, en traitant les relations humaines. D’où le nom de son album Mogoya qui signifie les relations humaines.

Un couplet a retenu toute mon attention dans cette chanson. J’ai essayé de le traduire du bambara au français pour que vous compreniez :

L’avez-vous vu ? Je ne me suis pas suicidée !

Vous l’avez pas entendu ? Je ne me suis jamais tuée !

Ils ont raconté toutes choses négatives à mon sujet mais, je ne me suis pas suicidée.

Ils ont dit que je prenais de la drogue. Des mensonges me concernant, mais Oumou ne s’est pas tuée.

Ils ont dit que j’ai tourné dans du porno. Mais me suis-je suicidée ?

Ils ont raconté toutes choses négatives à mon sujet, mais je ne me suis pas tuée.

Ce couplet m’a interpellé. Effectivement, la rumeur disant qu’Oumou Sangaré aurait tournée dans un film porno était malheureusement l’une des discussions de ma mère et ses copines lorsque j’étais au collège. Cette rumeur était d’une grande ampleur, comme l’évoque Libération en 2014 :

En 2004, le «scandale Oumou Sangaré», au sujet d’un film porno dans lequel la chanteuse aurait joué, a même fait les titres des journaux locaux, en dépit de la ressemblance fantaisiste entre l’actrice et la chanteuse. Les mauvaises langues (voire les intégristes religieux, selon des rumeurs) qui ont lancé le ragot, lui reprochaient d’avoir utilisé l’argent du tournage pour s’offrir l’hôtel Wassoulou, sur la route de l’aéroport de Bamako.

Malgré les épreuves de la vie, il faut être fort. Tel est le message d’ Oumou Sangaré à travers cette chanson.

  • tchatcho : crème éclairssisante